Come-back to the London Eye [Laana/Devon]

Ça faisait maintenant un mois que j'attendais de revoir Laana. Après mon retour de Russie, j'avais eu une impression de vide constante sans arriver à l'enlever. Malgré ça, j'avais vite repris mes habitudes en France. Je ne dirais pas que ma vie a été chamboulée mais elle avait eu un grand choc dessus. Jusqu'à présent, je ne pensais pas qu'une personne pouvait à ce point me manquer et surtout une vampire. Comme quoi, il ne faut pas prendre en compte la différence. Facile à dire quand on est humain. Ce n'était pas la même chose pour les lycans et les vampires.
Puis un jour, je reçus un message de Laana me disant de la rejoindre à Londre. Sans tarder, je fis ma valise et réservais une place dans l'Eurostar. Je préférais venir avec ma voiture, c'était beaucoup plus pratique pour circuler en ville que les transports en commun. D'ailleurs, j'avais choisi ma plus belle voiture pour ce séjour spécial, une Lamborghini Murcielago blanche. J'aimais beaucoup parader en voiture et surtout dans des grandes villes comme Londres.


Arrivé à Londres, je contemplai la ville. Ce n'était pas la première fois que je venais, ça avait été toujours dans le but de transformer des humains en lycans. Je trouvais Londres toujours aussi impressionnant. En comparaison avec Paris qui avait plus un air de romance, Londres faisait plus actuel mais aussi plus professionnel.
Je me garais rapidement et remontais l'allée centrale menant au London Eye. J'avais hate mais j'étais aussi stressé de la revoir. Après tout, qui me dit que ce n'était pas un rendez-vous pour me dire que c'était fini ? Et si elle ne venait pas ? J'aurais l'air bien con à l'attendre au milieu des familles qui se pressaient pour rentrer dans la grande roue. Du coin de l'oeil, je les regardais faire tout en restant attentif à mon environnement. Pas attentif dans le sens où je surveillerai des pièges ou des embuscade, non. Attentif comme une personne qui essaye de distinguer la silhouette à laquelle il pense depuis bientôt un mois.
Après une attente de dix minutes qui m'avait paru une éternité, je l'aperçus enfin marchant sur l'allée. Un sourire apparut sur mon visage et je commençais à marcher puis à courir pour la rejoindre. Devant elle, je pris son visage entre mes mains :

- Si tu savais comme tu m'as manqué.

Je l'embrassa fougueusement, me foutant de savoir ce que pensait les gens autour de nous. Nous étions là et c'est tout ce qui comptait.

Quand je sentis ses bras autour de ma nuque, je sus que mes sentiments étaient partagés. Je ne pouvais pas dire que c'était de l'amour mais ça s'en rapprochait de plus en plus. Il y a des choses qu'on ne pouvait pas nier mais j'avais encore trop de fierté pour lui dire ce que je ressentais vraiment, je préférais y garder pour moi.

- Toi aussi

Mon coeur se gonfla quand je l'entendis dire ça. Mon sourire se fit encore plus large et elle m'embrassa à nouveau. Je savourais encore une fois son baiser que j'attendais depuis bien trop longtemps. Je recula et la contempla quelques secondes, elle portait ma croix autour de son cou. Ça me faisait encore plus plaisir qu'elle ait pensé à ce détail, c'était des petites choses comme ça qui faisaient les plus grands bonheurs.
Souriant, je passa mes bras autour de sa taille pour la sentir plus près de moi.

- Je suppose que tu as plein de chose à me raconter.

Quand j'y repensais, je n'avais pas grand chose à lui raconter pendant le mois que j'avais passé mais je préférais mille fois mieux l'écouter plutôt que de parler. Si ça se trouve, je supposai très mal et elle n'avait rien à me dire. Au pire tant pis, on trouva toujours quelque chose à se dire de toute façon.
Je la fixa dans les yeux et lui demanda :

- Tu veux qu'on fasse quelque chose ? Je suis à ton service pour le séjour.

Je pouvais bien lui permettre. Dans tous les cas, je ferais n'importe quoi pour elle.

Son regard se posa sur la grande roue à quelques mètres de nous. Je devina sa proposition avant qu'elle ne la dise :

- On pourrait aller faire un tour

Elle n'attendit pas ma réponse et me prit par la main pour aller dans la file d'attente. Nous étions entourés de gamins surexcités qui ne connaissaient pas la définition du mot parler mais plutôt du mot hurler. Ayant une ouïe plus sensible que les humains, je me concentrais exclusivement sur Laana et faisais abstraction de ce qui m'entourait.

- En fait, je n’ai pas grand-chose à raconter. Et toi, tu as rencontré des gens intéressants ?

Je fis vite fait l'historique de ce dernier mois et non, mes rencontres n'avaient pas été intéressantes à part quelques petites transformations réussies. Je n'allais quand même pas lui raconter les missions qu'on donnait aux lycans. Ça n'allait pas l'intéresser et surtout je ne devais pas en parler à quelqu'un et encore moins à un vampire.
Elle me tendit ma croix en or blanc que je remis rapidement. Je glissa un merci et répondis à sa question :

- Tu sais les personnes intéressantes se font rares. Mais des fois il y a des exceptions...

Je lui souris et l'embrassa tendrement pour lui faire comprendre que c'était elle l'exception. Arrivé à la caisse, je payais les deux billets d'entrées et on rentra dans l'immense bulle. Je pris sa main et l'emmena à l'autre bout contre la vitre. Cette ville, vu en hauteur, était magnifique malgré le temps pluvieux qui la recouvrait. Je ne pouvais pas empêcher mon regard d'être émerveillé comme un gamin, de simples choses comme ça pouvaient m'emmener loin.

Pendant notre tour dans la bulle, j'avais bien senti que Laana était soucieuse. Certes, s'afficher dans une grande ville comme Londres qui abritaient les sorciers n'était pas très malin. Et vu son statut en tant que fille du roi des vampires, le risque de se faire attraper était encore plus grand. En temps normal, j'aurais désapprouvé de faire cela mais c'était plus facile à dire qu'à faire. J'aurais même imposé un refus catégorique en fait. Se faire torturer pendant une période indéterminée et ensuite mourir n'était pas ma vision de mon futur. Je préférais nettement une vie joyeuse et sans embrouilles qui se déroulerait tranquillement sans que personne ne s'interpose dedans pour "m'argenter" (oui, je viens de l'inventer) ma face de lycan.

Après être sortis de la grande roue, les mains dans les poches et levant son regard vers moi, Laana me proposa de manger un bout dans un coin plus discret à quelques kilomètres d'où nous étions. Je n'avais pas faim mais acceptai quand même sans mauvaise volonté.
Je la laissai être un mètre devant moi et l'observai. C'était vraiment une princesse. Sa démarche déterminée, sa posture sans vacillement. Elle respirait la royauté. Je fis un petit sourire et la rattrapa pour l'arrêter.

- Si c'est à quelques kilomètres, c'est mieux de prendre la voiture, non ?

Je la pris par la main et l'emmena vers l'endroit où je m'étais garé quelques instants plutôt. Jolie voiture pour jolie fille. Logique. Je l'ouvris à distance et trottina pour ouvrir la portière à Laana avant de la rejoindre à l'intérieur. Je lui fis un grand sourire et démarrai pour m'engager au milieu de la circulation.

-Je compte sur toi pour m'indiquer où c'est.

La seule chose qu'elle ne savait pas, c'est que j'avais un très mauvais sens de l'orientation mais elle n'avait pas besoin de tout savoir maintenant.

Laana réfléchissait à cette histoire. Elle ne devrait pas être là avec lui, ils étaient en danger, c'était interdit. Un lycan et une vampire, complètement fou. En plus, elle était censé porter la fierté de sa race, toutes leurs valeurs. Cette guerre qui durait depuis toujours entre les deux prédateurs avait fait tellement de morts dont, sa mère. Elle n'avait pas le droit d'être là avec lui alors qu'il appartenait à la race ennemie. Ce conflit avait fait tellement de mort et chaque pas qu'elle faisait dans sa direction était comme une insulte à tous ces esprits. C'est là qu'un problème se souleva, combien d'autres vampires et lycans perdraient la vie pour un conflit si vieux que les origines exactes n'existaient pas.

La pauvre princesse était chamboulée. Elle savait que Devon était un lycan, elle sentait son odeur mais, ça s'arrêta là. Depuis petite on lui enseignait qu'un lycan c'était un être mauvais, sans âme, une bête féroce qui méritait d'être abbaye, une créature sans coeur qui ne pensait qu'à déchirer la chaire de ses proies quelles qu'elles soient. Mais là, tout était démenti. Comment aurait-elle pu se douter qu'un lycan pouvait être gentil, attentionné, charmeur et séducteur ? Elle n'aurait jamais pu deviner.

Il la sortit de ses pensées en la ramenant dans le monde réel.


- Si c'est à quelques kilomètres, c'est mieux de prendre la voiture, non ?


Ah ? Hum. Oui. Enfin, marcher ne la dérangeait pas non plus. D'un autre côté les lycans mâles avaient l'air d'être comme le vampires mâles, très fiers de leur voiture. Oh, vroum vroum ça va vite. He bah, il en faut peu pour être heureux. Il lui prit la main et la conduisit jusqu'à sa voiture. Il fallait avouer qu'elle était belle. En plus, c'était le genre de voiture qui coûtait très cher. C'était mignon de sa part de faire son frimeur pour elle. Il lui tint la portière. Frimeur et gentleman, joli mélange.


-Je compte sur toi pour m'indiquer où c'est.


C'est sûr qu'il n'allait pas deviner tout seul. La vampire s'appliqua à le guider en le prévenant suffisamment tôt pour éviter les "Hey ! Mais crétin ! Fallait tourner là". Une fois arrivés, ils sortirent de la voiture. Plus qu'une dizaine de mètres avant ce petit fastfood très sympa.


"Hey, la fille aux longs crocs. Par ici."


Hum ? Qui osait l'interpeller de cette façon ? Un regard sur la droite lui fit poser les yeux sur un homme d'une trentaine d'année dans une ruelle à côté. Pas besoin d'avoir fait l'université pour comprendre que c'était un sorcier, sans doute un receleur. Curieuse, elle s'approcha, accompagnée de Devon. Il ouvrit sa veste remplie de potions dans tous les sens et les présenta a la va vite. Son regard se posa sur un flacon jaune brillant.


"Oh je vois que madame est intéressée par un multi-changeform, variante du change forme. Si vous en buvez une partie et votre ami une autre en meme temps vous changerez d'apparence tous les deux mais uniquement pour les autres."


Intéressant, très intéressant. Laana paya les deux petits flacons et tendis le sien a Devon. Avant qu'elle n'ait pu dire un mot, le sorcier avait déjà disparu. Rapide ces machins. Malgré l'ambiance, elle avait confiance. Elle savait à quoi ressemblait ces potions et était face à une véritable. Une fois qu'elle eut convaincu son compagnon. Ils la burent en même temps. Sur le moment, elle eut la tête qui tournait et vit flou une dizaine de secondes. Ca avait sans doute marché. Elle sortit un petit miroir de sa poche. Ah oui, ça avait marché, la voilà blonde aux yeux verts. Bah, ça changeait. Elle tendit l'objet au lycan pour qu'il constate que ça avait fonctionné. En tout cas, pour elle, Devon n'avait pas changé d'un cil. Heureuse de cette opportunité, elle vint se coller à lui pour l'embrasser, passant ses bras autour de sa nuque. Ce contact lui fit un bien fou surtout lorsqu'il lui fut rendu. Elle se recula quelques secondes et lui dit :


"On va pouvoir passer la soirée et la nuit tranquille comme ça. C'est un signe du destin"


Laana croyait plus au destin qu'à un banal Dieu créateur de tout. Mais ça, chacun son point de vue.

Après quelques minutes de route sous les indications de Laana, nous étions arrivés à quelques mètres du fast-food.

- Hey, la fille aux longs crocs. Par ici.

Je tournais la tête rapidement vers l'endroit d'où venait la voix. Un sorcier de tout évidence se tenait dans la ruelle à coté dans l'ombre.Une trentaine d'année et un manteau qui avait l'air de cacher pas mal de choses.
Quand je vis Laana s'approcher de lui, je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils. Etre en confiance avec des gens qui vous interpellait d'une ruelle avait l'air d'être tout à fait normal. Enfin pour elle. Malgré moi, je la suivis un peu en retrait.
L'homme ouvrit sa veste, étalant des potions et les présentant rapidement. Je levais les yeux au ciel, non mais franchement qui achetait ces conneries ? Personne ne tombait dans le panneau.

- Oh je vois que madame est intéressée par un multi-changeform, variante du change forme. Si vous en buvez une partie et votre ami une autre en meme temps vous changerez d'apparence tous les deux mais uniquement pour les autres.

Hein ? Elle n'était pas sérieusement intéressée par une potion quand même ? Ah si. Elle venait de les acheter. Deux petits flacons avec une couleur jaune brillante. C'est vrai qu'ils attiraient l'oeil. Bon le concept de la potion était quand même assez intéressant pour nous deux. On en avait besoin, surtout là où nous étions.
Quand elle me proposa de la boire, je fus réticent mais elle avait les mots pour convaincre. Réticent, je la bus et vis trouble pendant quelques secondes. J'espérais juste que cela marchait et n'était pas une arnaque. Je jetais un coup d'oeil à Laana, elle n'avait pas changé mais après s'être regardée dans le miroir, elle parus satisfaite. Déconcerté, je le saisis et me vis. Ah oui, exact. J'étais devenu chatain aux yeux noirs. Bon, d'accord, je m'étais trompé mais on n'était jamais trop prudent.
Laana passa ses bras autour de mon cou et m'embrassa, se collant à moi. Naturellement, je lui rendis son baiser. Maintenant, on pouvait plus se montrer sans peur d'être reconnus.

- On va pouvoir passer la soirée et la nuit tranquille comme ça. C'est un signe du destin.

C'est sur que lui faisait bien les choses quand il voulait. D'ailleurs, il devrait les faire plus souvent, cela comblerait pas mal d'inconvénients.
Sortant de mes pensées, je souris et passa mon bras sur Laana. En fait, après avoir senti mon estomac réclamé famine, je devais bien avouer qu'on devrait vite aller à ce fast-food.

- On y va ? J'ai une faim de loup.

En élan d'affection, je lui fis un baiser sur ses cheveux et la laissa m'emmener au lieu de débauche de la gourmandise où s'affale des milliers de gens pour le plaisir de... manger. J'appréciais ces restaurants, c'était rapide, pratique et c'était surtout très bon. De plus, je n'étais pas difficile sur la gastronomie, je me contentais de tout. Tant que je mangeais, j'étais content.
Arrivé là-bas, je commandais directement le plus gros menu qu'il y avait et payait celui de Laana. Un gentleman même dans un fast-food. C'est déjà bien.
A table, je dévorais littéralement tout en restant classe ce que j'avais devant moi. Je me redressais et dis :

- Je te laisse me guider pour ce soir. On va où tu veux quand tu veux. Tant que ça te fait plaisir alors je serais content.

Je souris, content de mon annonce. Je devais avouer que j'étais quand même fort des fois. En plus, ce n'était que la pure vérité, je m'en fichais tant que j'étais avec elle. Bon, je ne dis pas que je garderais ma joie si elle m'amenait dans un club rempli de strip-teaseurs. Je ferais juste une tête de 6 mètres de long tout la soirée, les bras croisés, attendant que ça passe.

Devon sourit et passa son bras autour d’elle. L’estomac du lycan grogna. Elle avait vu juste, il avait faim.


- On y va ? J'ai une faim de loup.


La phrase était bien choisie. Très bien choisie même. Il déposa un baiser dans les cheveux de la vampire. Ils se rendirent ensuite dans ce petit restaurant de quartier. L’ambiance était à la détente et à la bouffe absolument pas équilibrée. Laana avait sur son plateau un paquet de frites et à côtés, une brochette de boulet. Elle avait choisi une sauce au fromage sur ses frites et c’était vraiment délicieux. Si elle mangeait lentement, Devon engloutissait tout ce qu’il y avait sur son plateau. Classe de lycan que voulez-vous.


- Je te laisse me guider pour ce soir. On va où tu veux quand tu veux. Tant que ça te fait plaisir alors je serais content.


C’était adorable de sa part. Par contre, elle n’avait pas trop d’idées. En fait, elle n’avait pas envie d’être dans un lieu ultra fréquenté, elle voulait être toute seule avec lui. Après tout, ça faisait déjà un moment qu’elle ne l’avait plus vu et les dernières heures avant le départ n’avaient pas étées des plus joyeuses. Conclusion, ils devaient rattraper les choses.


« On pourrait peut-être aller voir un film. Il y a toujours les dernières sorties dans cette ville. »


Après cette proposition, elle porta à ses lèvres quelques frites enduites de sauce au fromage. C’était vraiment bon mais c’était le genre de plat dont il ne fallait pas abuser. Malheureusement, son esprit ne pouvait se concentrer uniquement sur le repas ou même sur la sortie qui les attendait. Laana ne pouvait pas s’empêcher de penser à l’avenir, à ce qu’il les attendait. Impossible pour eux d’être tous les deux. Si elle avait été n’importe quelle vampire, ça aurait pu passer mais, elle était la fille du roi. Des fois, elle aimerait mieux n’être personne.

- On pourrait peut-être aller voir un film. Il y a toujours les dernières sorties dans cette ville.

Oui, c'était une bonne idée. Mais là tout de suite, j'avais envie de digérer tranquillement. Je la fixai avec un sourire satisfait. Personnellement, j'avais faim d'autre chose. Mouhahahaha.
Cependant, j'avais envie de rigoler un peu, histoire de détendre l'atmosphère. Prenant soudainement un air sérieux, je posais mes coudes sur la table et baissai les yeux comme si j'étais honteux :

- Ecoute, Laana, il faut que je t'avoue quelque chose... Je sais que ce n'est pas le moment ni l'endroit pour ça pourtant je me sens obligé de te l'avouer.

Petite minute de silence pour maintenir le suspense. Je soufflai comme pour me donner du courage et continuai :

- Bon, voilà. Je ne suis pas celui que tu crois. Je... J'ai...

Coup d'oeil rapide pour voir son visage. Jouissif haha.

- J'ai une double vie ! En France, j'ai une famille. Deux gosses et une femme. J'ai même un chien ! Et deux poissons rouges. Ils croient que je suis parti en voyage d'affaire ici. J'ai enlevé mon alliance et je l'ai planqué dans ma voiture. Tu n'es pas la première que j'ai eu en maîtresse. Il y en a eu 5, je ne me rappelle même pas de leurs prénoms.

Je relevai la tête et lui pris la main. Un air désolé sur le visage. Je n'avais pas encore fini.

- Je suis désolé mais en plus, tu ne me plais pas tant que ça, je voulais juste passer le temps. Je me serais jeté sur la première venue et c'était toi. En fait, je peux carrément t'avouer que je te trouve banale. J'en ai eu des beaucoup plus belles que toi. Même au lit je devais penser à une autre pour pouvoir le faire avec toi. Désolé, vraiment.

Voilà ! La cerise sur le gâteau ! Je me trouvais vraiment diabolique. J'étais le menteur parfait. Tellement fier de moi, à cet instant là, je m'aimais tellement !

-Pauvre bébé loup-garou. T'as déjà une femme et des enfants ? Oh les pauvres. C'est bien que tu me dises ça parce que j'ai appris à simuler grâce à toi. C'était franchement très instructif. Mais tu vois, j'aimerais te laisser un cadeau d'adieu tu vois ? Histoire que malgré tout te souviennes un peu de moi.

Elle m'avait caressé la joue et me disait ça. Mais bien sûr, tout à fait logique. Je m'attendais plus à une baffe monumentale mais pas du tout à ça. Et puis, c'était quoi cette réaction là ? Cette fille n'était pas normale du tout.
Je la laissai m'entraîner à sa suite après avoir payé le repas, dans ma voiture. Elle m'avait couché sur la banquette arrière et m'embrassait. Si c'était ça ses réactions, je devrais le faire beaucoup plus souvent. Je commençai à laisser balader mes mains sur son corps avec un sourire en coin. Haha, c'était dans la poche.
Mais je revins vite à la réalité quand une douleur perçante m'atteint au cou. L'autre m'avait mordu de toutes ses forces, étonné, je n'eus pas le temps de répliquer qu'elle me parla :

- Tu vas regretter tes propos le lycan. Fais-moi plaisir et fais quatre fois le tour de Londres à pieds puis, crash ta voiture dans un arbre. Tu te feras tatouer mon prénom sur le bras avant de jeter ton portefeuille du haut de la grande roue. Pour le final, histoire de te rafraîchir les idées , tu sautera dans la tamise. Et une fois que tu aura tout fais, tu avancera à genoux jusqu'à mon hôtel. Dans ma chambre, tu demandera pardon mille fois. Et puis après, je verrai ce que je ferai de toi. Prie pour que je sois de bonne humeur ce jour-là.

Elle sortit de la voiture, me laissant couché derrière. Décontenancé et la main au cou, je n'eus pas le temps de la rattraper qu'une étrange envie me prit d'aller faire tout ce qu'elle avait dit. Sans attendre, je sortis à mon tour et commença à marcher à travers la ville.


Le lendemain en pleine nuit, Laana venait de m'ouvrir la porte et ma tirade des milles excuses était finie. Sans pouvoir m'en empêcher, j'avais fait exactement tout ce qu'elle m'avait dit et le tatouage sur mon bras apparaissait clairement tout le long. Heureusement, j'avais eu la présence d'esprit de choisir une belle écriture. Mon jean était déchiré au niveau des genoux et mes habits étaient encore humides de ma petite plongée dans la Tamise.
Je savais que tout ce que j'avais fait était purement stupide mais bizarrement je m'étais senti obligé de le faire. Comme si quelqu'un me l'avait obligé avec un couteau en argent sous la gorge.
J'étais encore à genoux à ses pieds et attendait sa réponse, j'avais même prié comme elle me l'avait demandé pour qu'elle soit de bonne humeur. Je ne relevai même pas la tête fatigué par mon grand voyage dans Londres. Mes pires vacances.
Marmonnant, je rajoutai :

- En plus, c'était même pas vrai ce que j'ai raconté hier.

J'étais énervé contre elle et contre moi d'avoir eu la mauvaise idée de faire une blague. Je ne doutais pas qu'elle m'avait hypnotisé puisque c'était une particularité des vampires de vouloir tout contrôler mais elle aurait pu être plus soft sur les actions quand même.

Maintenant que Laana était calme, elle savait que Devon avait menti, sans doute pour l'énerver. C'était encore pire à ses yeux. Il cherchait tout simplement à l'énerver. Sans doute pour avoir une raison de tourner les talons. Quel clown franchement.

Le soir, il réapparut à genoux devant sa porte. Comme prévu, il s'excusa exactement mille fois. Laana qui espérait en tirer une joie certaine, fut vite lassée. En fait, elle était triste et déçue que ce début d'histoire tourne au fiasco parce qu'elle avait eu un coup de coeur pour un bouffon.

- En plus, c'était même pas vrai ce que j'ai raconté hier.

Ça, elle le savait. C'était quand même blessant et frustrant. Au moins, maintenant, il pouvait partir sans regrets et il se souviendrait bien d'elle. Encore fâchée, elle lui tourna le dos et répliqua simplement :

« Bah j'espère que tu es fier de ta petite blague. Maintenant tu peux t'en aller, te gênes pas. »

Tout ce qu'elle put me répondre, ce fut de me tourner le dos et de me dire avec la simplicité même :

-  Bah j'espère que tu es fier de ta petite blague. Maintenant tu peux t'en aller, te gênes pas.

Étonné, je levais la tête vers elle et balbutia un "Quoi" avant de me lever et de l'attraper par le bras pour qu'elle me regarde.  

- Tu te fous de moi ou quoi ?! Je suis venu ici pour toi et tu me fais balader dans Londres parce que mademoiselle voulait hypnotiser pour s'amuser. Ok, j'ai voulu faire une blague mais tu te sens obligée de tout prendre mal comme d'habitude. Les vampires ont le sang froid, c'est bien connu. Ils ne connaissent que le sérieux avec leur têtes d'enterrement.

Je soufflai un instant avant de reprendre plus calmement :

- Alors maintenant, je vais rester ici avec toi. Parce que je veux être avec toi, tu comprends ou pas ?

Je passai devant elle et alla au bar me servir à boire. Autant m'installer tout de suite. Soit elle allait se taire et m'ignorer même si j'étais en train de me servir soit elle allait crier parce que j'avais critiqué les vampires. Dans tous les cas il y en avait pour longtemps.

Laana était toujours énervée qu'il l'ait prise pour une idiote a ce point. C'était franchement dégueulasse de sa part, surtout que c'était le tout début d'une relation ultra-risquée. De toute façon, elle ne devrait même pas être ici. C'était n'importe quoi. Un stupide lycan. Son père préferait sans doute tout à ça. Même la voir préférer les filles. Elle était franchement dans les ennuis jusqu'au cou. Néanmoins, elle ne réagi pas quand il l'attrapa par le bras pour lui cracher :

- Tu te fous de moi ou quoi ?! Je suis venu ici pour toi et tu me fais balader dans Londres parce que mademoiselle voulait hypnotiser pour s'amuser. Ok, j'ai voulu faire une blague mais tu te sens obligée de tout prendre mal comme d'habitude. Les vampires ont le sang froid, c'est bien connu. Ils ne connaissent que le sérieux avec leur têtes d'enterrement.

C'était malin d'insulter toute sa race. A quoi ça servait ? Elle aussi pouvait en sortir une demie-tonne de saloperies sur ces loups-garou poilus et stupides comme leur pieds. En Russie, elle aurait mieux fait de le tuer et voilà.

- Alors maintenant, je vais rester ici avec toi. Parce que je veux être avec toi, tu comprends ou pas ?

Ce n'était pas ce qu'il lui faisait comprendre par son comportement. Sans attendre de réponse l'ivrogne se rendit de l'autre côté de la pièce à son bar pour boire. Super, il faisait déjà comme chez lui. Même pas capable de parler aux gens en face. Que faire maintenant ? La chose la plus logique serait de le tuer et de faire de sa fourrure une descente de lit. Mais, l'option qu'elle suivit, la moins censée de toutes, c'était de lui pardonner. Après tout, ce n'était qu'une blague et elle en avait fait voir des pires à son entourage. Comme la fois où elle avait fait croire à son père qu'elle était enceinte et que celui-ci avait faillit étrangler tous les vampires du coin. C'est vrai que c'était drôle. Faudrait qu'elle recommence. Ah mais pourquoi pas ...

Elle se leva, droite et fière, belle et forte comme toutes les femmes de sa lignée, s'approcha de lui, croisa les bras sur sa poitrine et lâcha dans son dos :

« De toute façon je n'ai pas le choix. Maintenant que c'est en route, c'est en route. »

Je sentais à distance qu'elle était en train de m'insulter de tous les noms possibles. J'essayais de rester imperturbable et regardai mon verre. J'attendais qu'elle dise quelque chose, qu'elle riposte, qu'elle m'insulte. Enfin tout simplement une réaction censée. Mais non, j'aurais dû m'en douter. Elle était beaucoup plus maline que ça, plus réfléchie. Pas comme moi en tout cas.

- De toute façon je n'ai pas le choix. Maintenant que c'est en route, c'est en route.

Elle s'était approchée de moi par derrière. Les sourcils haussés, je me tournais vers elle et pris l'air le plus blasé que je pouvais faire. Qu'est-ce qu'elle racontait encore ? La route de quoi ? De la connerie, ça c'est sûr. Elle avait croisé ses bras, l'air décidé. Droite, fière comme chaque vampire. Je soupirais avant de rétorquer :

- Ah oui ? Quelle route ? De quoi tu parles encore ? Je suis sûr que c'est encore un de tes coups pour me faire sentir mal. Pour ça, t'es forte.

Je m'accoudais au bar et la fixai patiemment. Un sourire amusé naissait au coin de mes lèvres pendant que je la détaillais scrupuleusement. Je comprenais pour la énième fois pourquoi j'avais craqué si rapidement pour elle.
Malgré tout, j'appréhendais ce qu'elle allait me répondre. Un mauvais pré sentiment commençait à prendre forme. Et ça sentait les embrouilles à plein nez.

Oh oui, j'attendais la destination de cette satanée route. Je la sentais hésiter mais ne fis pas plus attention à ce qu'elle était en train de mijoter.
Je la laissai prendre ma main et la porter lentement vers son ventre. Je ne voulais même pas penser à la possibilité de ce qu'elle allait me dire.

- C'est ton enfant.

Elle avait chuchoté en plus, au cas où on serait espionnés je suppose. A vrai dire, je ne réagis pas tout de suite. Je restai juste un moment le regard fixé sur ma main puis sur son visage puis sur ma main. Attends, moi papa ? Non mais, n'importe quoi. J'avais une tête à être père peut être ? Soit elle se foutait ouvertement de moi soit elle ne mentait pas et j'allais devoir prendre mes "responsabilités". Je palis rapidement et bégayai un moment avant de lui répondre :

- C'est pas possible... Je suis pas du tout prêt, je suis encore un grand gamin. On peut pas et puis on se ferait tuer si quelqu'un l'apprenait.

Je paniquais et retirais rapidement ma main.

- Sérieusement, faut qu'on règle ce problème, on peut pas faire ça.

Décontenancé et stressé, je commençais à m'agiter et à regarder autour de moi d'un air perdu. Tout sauf la regarder, je ne voulais même pas savoir sa réaction ou ce qu'elle allait me dire. Je voulais juste partir de ce pays en courant s'il le fallait.

Devon devint encore plus pâle qu'un vampire ce qui était vraiment le comble pour un lycan. Intérieurement, Laana jubilait. Et encore, c'était un euphémisme. Elle adorait jouer avec les gens de cette manière. Voir leurs réactions dans des situations totalement délirantes était la meilleure des distractions possibles.

- C'est pas possible... Je suis pas du tout prêt, je suis encore un grand gamin. On peut pas et puis on se ferait tuer si quelqu'un l'apprenait.

Oh la bonne excuse. Valable, acceptable, recevable mais franchement trop facile. En tout cas, Devon était à fond dedans, le pauvre. Il n'avait pas encore compris que si c'était vrai, elle se serait elle-même débarrassé de l'enfant. Elle maman, manquait plus que ça.

- Sérieusement, faut qu'on règle ce problème, on peut pas faire ça.

Maintenant, la question était de savoir si elle continuait son petit jeu encore un moment ou si dans sa grande bonté, elle stoppait tout maintenant. En tous cas, ce petit gag lui avait fait oublié la bêtise de Devon de tout à l'heure. Là, il était presque ridicule à tourner en rond, ébahis par tout ce qu'il voyait. C'était presque magique de le voir dans cet état. Laana lui prit la main et leva les yeux vers lui.

« Selon le médecin, il y en aurait peut-être trois. »

La vampire ne s'attendait quand même pas à ce que cet idiot tombe dans les pommes. C'était trop bon. Tellement qu'elle s'était écroulée sur le lit morte de rire. La pauvre, elle n'en pouvait plus. Pliée en deux sur les couvertures, elle ne pouvait stopper son fou-rire.

Quelques minutes plus tard, elle arrêta en l'entendant gémir sur le sol, il se réveillait. Armée d'un énorme sourire qui faisait trois fois le tour de son visage, elle se rapprocha de lui, s'agenouilla près de sa tête et l'embrassa doucement avant de lui avouer :

« Ne t'inquiètes pas, je ne suis pas enceinte. C'était juste une blague qui a plutôt réussi. En tout cas, tu aurais du voir ta tête, t'aurais eu un fou-rire comme le mien. »

-  Selon le médecin, il y en aurait peut-être trois.

Dépressurisation. Chute sans retour. Elle m'avait tué. C'était impossible. Pas croyable. Cela ne pouvait pas être vrai. Elle avait dû se tromper ou tout simplement elle n'avait pas vérifié les choses comme il fallait. J'avais carrément oublié comment on vérifiait ça, le choc m'avait rendu amnésique de toutes ces conneries féminines. Moi ? C'était impossible que cela m'arrive. J'étais pas fait pour tout ça.

Je me réveillais un instant plus tard en gémissant. Elle était là, un sourire victorieux sur le visage agenouillée à côté de ma tête. Elle m'embrassa puis me dit tout simplement :

- Ne t'inquiètes pas, je ne suis pas enceinte. C'était juste une blague qui a plutôt réussi. En tout cas, tu aurais du voir ta tête, t'aurais eu un fou-rire comme le mien.

Je fronçais les sourcils et me levais essayant de garder ma dignité propre. Alors elle s'était foutue de moi. Donc, je n'aimais pas ça. Donc, j'étais énervé. Ok, j'avais fait pareil de mon côté mais moi c'était beaucoup moins grave et bien moins réussi, il fallait l'avouer.
J'inspirais et expirais lentement puis levais mes yeux vers elle :

- Ok. T'as gagné. Bien joué. Tant mieux pour toi.

Je lui tournais le dos puis croisais les bras avant d'aller m'asseoir sur le canapé. Non mais n'importe quoi. Elle avait joué avec moi et je détestais ça. Plus jamais je ne lui ferais une blague. Trop traumatisant.
Avec un sourire narquois et sans un mot, j'allumais la télé, mettant le premier truc bien macho que je trouvais : un match de foot.
J'étais sûr que ça l'agacerait. Je pouvais au moins me venger un minimum comme ça quand même. Et puis merde, elle n'avait pas qu'à faire des blagues aussi stupides.
Je fis en sorte de l'ignorer complètement et restais les yeux fixés sur l'écran.

- On fait la paix ? Tu as bien ris. J’ai bien ris. Bon d’accord peut-être un peu plus mais, je pense qu’il est temps d’enterrer la hache de guerre. Et puis, il faut qu’on règle un point important. On est quoi l’un pour l’autre ?

Elle m'avait servi une bière et n'avait pas fait d'autres remarques. Bien la hache de guerre était enterrée. Et c'est quoi ce point important ? Je ne voyais pas du tout le sens de la question. Bon peut-être qu'elle avait besoin d'être fixé ce qui est normal mais je sentais que j'allais encore faire une connerie. Tranquillement, je réfléchis à la question un moment. Plan cul ? Trop vulgaire. Collocation rapprochée ? Trop amical. Ou peut être tout simplement avouer que je m'attachais à elle plus rapidement que prévu ? Non, j'avais ma fierté aussi mais à son visage le sujet était grave et sérieux. Donc, il fallait que j'assure et rapidement.
Je souris, bu une gorgée et lui répondis :

-Je sais pas trop ce "qu'on est" mais je sais une chose : je t'aime vraiment beaucoup bien. Puis dans ton genre, t'es attachante.

Pour une fois que j'étais presque sur de pas faire de gaffe. Je la fixais un moment puis reportais mon attention vers la télé. Un match était un match avant tout.

Après un temps, elle s'était endormie dans mes bras. La voyant, je souris puis doucement me levais pour la laisser s'installer sur le canapé. Je n'avais pas imaginé les retrouvailles comme ça mais on pouvait dire qu'elles étaient attendrissantes au moins.
Je restais pensif. Je ne savais pas si c'était la meilleure solution de traîner avec la fille du roi des vampires pour elle comme pour moi. Je n'aurais peut être pas dû lui dire la vérité et partir avant. Quand j'en avais la possibilité. C'était la seule façon pour ne pas avoir de soucis.
Cependant, il était trop tard pour revenir en arrière. Tout était fait et j'étais persuadé qu'il nous restait encore un peu de temps pour réfléchir aux choses sérieuses.

Après avoir réfléchi, je décidais de partir me promener. Tant pis, si elle se réveillait entre temps, je revenais de toute façon.
Dans la rue, je m'arrêtais au premier magasin et achetais de quoi faire à manger. Je savais irrémédiablement que j'avais un talent pour la cuisine. Ouais, j'étais un peu trop parfait des fois. Je me stoppais ensuite devant le fleuriste et contre mes habitudes, je pris un bouquet de vingt roses. Je me baladais encore un moment, sans faire attention à l'heure. Nous avions largement le temps de se retrouver après.
Bon, là je venais juste de la laisser toute seule sans la prévenir de quoique ce soit mais j'espérais qu'elle dorme encore.


Après deux heures de marche active, je retournais enfin jusqu'à l'hôtel. Je frappais puis attendis qu'elle ouvre, le bouquet devant moi. Ah bah oui, je n'avais pas de clé, je ne pouvais pas l'ouvrir par magie.