T’es juste Dr. Jekyll et Mr Connard ! [Laana]

Voilà maintenant cinq ans que la vie de Laana avait complètement changée. S’occuper d’un enfant n’est pas aussi facile que ce qu’on pense mais, ce n’est pas aussi horrible que ce qu’on raconte. Cet enfant, c’était le sien, sa petite Lucie, sa petite princesse. La petite avait cinq ans et était véritablement le trésor de ses parents. D’ailleurs, Devon avait surpris Laana. Il s’était transformé. Jamais elle ne l’aurait cru capable de se montrer si concentré et responsable. Lucie était entre de bonnes mains.


Un soir, alors que Laana coiffait doucement les longs cheveux de sa fille assise devant la télévision, son mari sortit un peu vite avec juste un salut. La jeune maman ne chercha pas à comprendre. Il avait peut-être eu une mauvaise journée. A y penser, elle avait peut-être des raisons de s’inquiéter. Pour se rassurer, elle interrompit quelques secondes la séance de coiffure et envoya un sms. Pas de réponse. Un deuxième, toujours pas.


Sincèrement inquiète, Laana laissa sa fille à leur nounou le temps d’aller chercher en ville Devon qui ne voulait toujours pas répondre. Plusieurs heures et de nombreux coups de fils furent nécessaires pour enfin arriver dans le bar où il était censé être avec ses amis. Ce n’était pas l’endroit le plus classe du monde mais, elle avait vu bien pire dans sa courte vie.


Faire cracher à un des mecs ivres où était partit son ami fut à la fois facile et à la fois difficile. D’un côté, Laana pouvait se montrer extrêmement persuasive de l’autre, la quantité d’alcool présente dans le sang de cet homme l’empêchait de parler correctement. Qu’importe. Elle savait ce qu’elle voulait : Devon était partit dormir dans un hôtel. Mais dans quelles embrouilles s’était-il encore fourré celui-là ?


Une chose était certaine, Laana ne s’attendait pas du tout à surprendre son homme entièrement nu avec une autre femme. Jamais. Elle lui avait fait tellement confiance, il avait été tellement exemplaire. Non, ce n’était pas possible, elle devait être en train de rêver. La main qui serrait encore la poignée de la porte, les yeux tous mouillés, le cœur dans la gorge, la vampire était presque en état de choc. Cet instant pourtant si court lui sembla durer une éternité tant ces images s’imprimèrent dans son esprit avec la puissance de la foudre.


S’en était trop pour elle. Plus vite que son ombre, elle s’enfuit de cet endroit infecte, déboulant dans la rue en pleurant. Folle de rage, elle ôta son alliance et la jeta par terre. La précieuse bague rebondit plusieurs fois sur la pierre avant de finir sa course dans une bouche d’égout. S’en était finit. Finit de son couple, finit de son mariage, finit de son cœur.

Laana était presque en état de choc. Elle ne savait plus ni où aller ni quoi faire. Tout ce qu'elle faisait, c'était pleurer. Il avait recommencé. Pourtant, il avait promis. Sans doutes que ce n'était pas la première fois, qu'elle n'était qu'une idiote de lui avoir accordé une seconde chance après sa première trahison.

Soudain, elle sentit qu'on attrapa son bras. Bien évidemment, ce n'était pas le père noël ou même un banal passant, c'était lui, encore lui, toujours lui. A moitié rhabillé, le souffle court, il lui renvoyait ainsi en pleine face les images auxquelles elle avait eu droit précédemment.

- Laana, je...

Quoi ? Quoi encore ? Qu'est-ce qu'il allait dire ? Que ce n'était qu'une amie ? Qu'elle avait mal vu ou encore qu'il pouvait tout expliquer ? Non. S'en était trop. Elle avait déjà eu droit à toutes les excuses du monde une fois et avait été assez stupide pour penser que cette situation ne se reproduirait plus. Pas encore une fois. Pas cette fois.

Laana le gifla de toutes ses forces. Qu'importe que les passants se questionnent, qu'importe qu'elle se fasse mal à la main. Tout ce qu'elle voulait, c'était qu'il ne la touche pas. Plus jamais. Mission accomplie. Il la lâcha et elle s'enfuit dans la foule de badaud.

Ce n’était pas facile pour Laana. Le moment à traverser était difficile surtout lorsque ce n’est pas la première fois. Certaines personnes auraient pu penser que passer sur le bucher une seconde fois pouvait être moins douloureux. C’était le contraire. C’était bien pire.

En larmes, elle rentra chez elle et verrouilla la clé comme si ça pouvait changer quelque chose. Devon aussi avait la clé, s’il voulait rentrer il le ferait. Mais, mieux valait pour lui qu’il ne tente pas le destin. Cette fois, elle ne pardonnera pas. Comme pour se consoler, elle rentra prendre sa fille dans ses bras. Lucie lui fit un bien fou mais, il faudrait bien plus qu’un simple câlin pour oublier.

Les jours qui suivirent furent moroses et sombres. La vampire resta enfermée chez elle à broyer du noir, perdue dans ses idées sombres à se demander combien de fois ce connard l’avait menée en bateau. Si ça se trouvait, cette fille dans cette chambre d’hôtel n’était que la partie émergée de l’iceberg.

Pendant plusieurs jours, le téléphone sonna de nombreuses fois. Laana en avait tellement marre d’entendre les lamentations de son mari infidèle pulluler dans sa messagerie qu’elle l’arracha et le lança par la fenêtre. Quand sa petite princesse lui demandait avec ses grands yeux « Maman, il est où papa ? », elle lui répondait qu’il était parti pour un long voyage. Cerise sur le gâteau, voir sa fille être triste parce que son père ne l’avait pas embrassée avant de partir lui déchirait un peu plus le cœur. Enfin, si c’était possible.

Un jour, on vint frapper à leur porte. Laana était installée en peignoir devant la télévision à regarder les infos. Elle se leva, les cheveux en bataille, l’air débraillé. Ouvrir la porte pour le voir lui avec un stupide bouquet de fleur fut le pire moment de sa journée. Un bouquet de fleurs ? Un putain de bouquet de fleurs ? Il était sérieux là ? Quel connard. Ne voulant pas s’attarder sur lui, elle referma la porte violemment avant de s’en éloigner à nouveau secouée de soubresauts et en larmes.

Rien que le voir avait été suffisant pour déclencher une nouvelle crise de larmes. Elle savait qu’il allait revenir. Forcément. Après tout, cette maison était aussi la sienne et Lucie était sa fille. Mais Laana préférait qu’il ne revienne pas, qu’il parte à jamais. Elle ne souhaitait pas sa mort non. Elle était toujours amoureuse, elle ne pouvait pas penser à lui entre quatre planches.

Refermer la porte n’avait pas été suffisant. Ça aussi elle le savait. Devon était un homme très fort. Pire, Devon était un vampire. Il avait voulu rentrer et il était là. Lorsqu’elle sentit son étreinte autour de sa taille, son cœur s’emballa. Tout se bouleversait dans son esprit et elle ne savait pas comment réagir alors que les larmes coulaient toujours de ses yeux rouges. Il posa sa tête sur son épaule, son visage dans ses cheveux et elle se mit à arrêter de pleurer. D’un coup comme si le temps lui-même prenait une pause.

- Déteste-moi mais parle-moi. Dis-moi que ma mère aurait mieux d'avorter, que tu vas m'envoyer des gars me casser les deux jambes, que je suis le pire des enculés que la Terre ait jamais porté. Mais parle-moi.

Devon … Lui aussi souffrait de la situation. Encore. Il l’aimait et lui en avait toujours donné toutes les preuves mais, la fidélité ce n’était pas son fort. Dommage pour lui. Cette fois-ci, il était hors de question qu’elle pardonne.

- Oh merde. Je t'aime, je t'aime Laana. Je suis tellement désolé. J'aurais jamais dû.

S’il suffisait d’aimer. S’il suffisait de demander pardon. Elle aussi voulait que ces simples mots réparent son cœur brisé. Mais ça ne marchait pas comme ça. Et il allait vite le comprendre. D’un coup elle se dégagea de son étreinte et se retourna pour le regarder en face. Cette fois-ci, ce n’était pas la tristesse, c’était la colère qui avait pris le dessus. Directement elle le frappa au visage, mettant toute sa force et tous ses sentiments embrouillés dans son coup. Laana ne frappait pas comme les filles non. Laana frappait comme les mecs, le poing directement dans la bouche. Malgré leur différence de masse, elle le fit reculer et tituber.

« Tu t’y attendais pas à celui-là hein connard ? Tu t’y attendais pas ! »

Et sur ces mots, elle le frappa le nouveau au visage. Il n’allait pas s’en sortir indemne cette fois. Hors de question.

« Ca te fait marrer de me prendre pour une conne hein ? Tu crois que je vais marcher de nouveau aussi facilement que la première fois ? Tu penses que je vais me coucher à tes pieds comme une pute en te suppliant de m’expliquer comment je peux te plaire ? Non ! J’suis pas comme ça moi alors tu vas te faire foutre ! »

Ca, elle le pensait. D’un coup, elle s’était changée. Hors de question de se laisser avoir par les sentiments. Non cette fois-ci il allait payer.

« Alors, qu’est-ce que t’as à dire pour ta défense ? Que t’as pas fait exprès peut-être ? Que c’était un accident ? Que c’est pas ce que je crois ? Allez vas-y explique que je te défonce encore ta sale gueule ! »

Laana bouillait vraiment de rage. C’était rare de la voir dans un état pareil. Devon semblait presque sonné, plus par la surprise que par les coups car niveau force brute, il la battait largement. Il ne savait pas quoi répondre et alors qu’elle allait de nouveau cracher son venin, il avoua :

"Je sais que je n'ai aucune excuse. Casse moi la gueule si ça te fait du bien, je comprendrais. Je voudrais vraiment me rattraper Laana. Je serais prêt à faire n'importe quoi pour ça. Je ne veux pas te perdre, pas toi."

Il faisait pitié en ce moment-là. Il ne cherchait même pas à trouver une excuse ou se défendre. C’était sans doute le pire. Il n’allait pas la berner avec de jolies phrases. Ne pas la perdre ? Comment pouvait-il prétendre tenir à elle après tout ça ? Ce n’était qu’un menteur.

« Tais-toi ! Arrête de mentir ! Tu n’as jamais pensé à moi ni à Lucie. Pas une seule seconde sinon nous n’en serions pas là. Tout ça, c’est de ta faute ou plutôt de la mienne. J’aurais dû le savoir, j’aurais dû me l’avouer que tu n’étais qu’un connard qu’un salaud. Je t’ai pardonné une fois et maintenant, tu recommences. Vas-t-en Devon, vas-t-en, tu n’as plus rien à faire ici. »

Qu’il dégage, qu’il disparaisse de sa vue et de sa vie. Vu qu’il ne semblait pas déterminé à bouger, elle le poussa et hurla les larmes aux yeux :

« Dégages ! Tu comprends pas que tu m’as déjà assez fait de mal comme ça ? »